mercredi 5 juillet 2023

Le laboratoire de SVT, un écosystème méconnu

       L’être humain, ce primate fascinant, pense avoir tout découvert sur la planète qui l’héberge accidentellement. De la savane, à la banquise en passant par les quartiers nord de Marseille, les scientifiques Homo sapiens ont étudié, disséqué, épluché -insérer un verbe du premier groupe au participe passé- tous les écosystèmes*. Tous? Non. Il existe encore des endroits hors d’atteinte que seuls quelques explorateurs téméraires maniant le scalpel comme ils manieraient une machette connaissent (je parle des profs de SVT bien sûr). Cet endroit méconnu du commun des mortels n’est autre que lieu d’hivernage d’un enseignant de SVT lors des rares pauses que leur offre le métier: le laboratoire.

L’article suivant présente les différents zones et acteurs qui composent cet écosystème. Voyons donc cela de plus près…


1. La zone intertidale* de l’évier : 


        L’évier est probablement le lieu le plus important d’un laboratoire de SVT. Il est régulièrement visité par un professeur pratiquant un rituel ancestral : la vaisselle. A noter que ce rituel est partiellement rémunéré ( certains anciens appellent cela « l’heure de vaisselle »). 

L’évier est un lieu qui peut être dangereux de par sa composition : tubes à essais douteux, béchers contenant de vieilles levures, odeurs dérangeantes, tasse à café qui colle au fond… La durée de vie des individus de cette niche écologique* peut parfois dépasser le mois, ce qui peut parfois engendrer des erreurs comme confondre la dite tasse de café avec le bécher de vieilles levures… Ce qui peut provoquer des désordres intestinaux à venir en cas de vaisselle incomplète.

Car oui, la vaisselle de la verrerie n’est pas aussi simple qu’on le pense. Chaque jeune padawan enseignant apprend l’art traditionnel du nettoyage des lames microscopiques et des éprouvettes grâce au vieux maître enseignant, blasé par 30 années de dos courbé devant l’évier.

      Tenez par exemple : pour nettoyer des éprouvettes, l’enseignant utilise un goupillon très fin. Il suffit de l’insérer dans le tube et d’effectuer un mouvement de va-et-vient énergique… restons dans le sujet s’il vous plaît… Certains diront que c’est comme les biberons : en effet, sauf que c’est plus étroit.



Je vous fais grâce des robinets qui fuient et de l’absence de savon, remplacé par la salive




2. Le biome* polaire du frigo :


          Le frigo (et congélateur) est très spécifique à la SVT, au point que son emplacement doit demeurer secret à tout l’établissement au risque de voir des intrus y entreposer leur déjeuner. Dans la partie réfrigérateur, la température avoisine les 4 degrés Celsius, ce qui permet, comme chacun le sait, de conserver moulte denrées périssables. 

Cependant, le réfrigérateur du laboratoire est malheureusement pauvre en diversité : un bêcher de levures (fraîches cette fois ci) partage cet espace avec le sandwich de la collègue. A noter que cette pratique est rigoureusement interdite par mesure d’hygiène, car il est bien connu qu’un professeur de SVT ne sait pas faire la distinction entre des tranches de pain et un bocal rempli de liquide gris. Mais je suis mauvaise langue, car parfois il y’a bien un Tupperware de macaroni servant aux travaux pratiques de digestion in-vitro. Et il est vite fait de retrouver son Tupperware vide juste avant la séance, les macaroni ayant été dévorés par votre collègue qui saute des repas à cause de l’inflation des prix de l’alimentaire. Mais c’est vrai, quand on y pense… quel gaspillage.


photo d’un probable sandwich




           La partie congélateur est tout aussi cruciale pour un enseignant de SVT. Les 4 degrés peuvent ne pas suffire, surtout si c’est pour dissimuler des morceaux de cadavre pour conserver de la viande commandée au mois d’octobre pour une dissection prévue en mars. Il conviendra de s’assurer à ne rien laisser dans le congélateur durant les congés d’été (les fameux 3 mois qu’un certain président de la république a évoqués). Car si jamais une coupure de courant survenait, vous transformerez alors le frigo en objet maudit et le bâtiment tout entier deviendrait une zone d’exclusion qui relèguerait Tchernobyl à un bac à sable. Et on se souviendra aussi de vous…



3. L’Espace Naturel Sensible (ENS) de la collection oubliée :


         C’est un lieu mythique. Certains enseignants de SVT racontent (souvent après avoir bu le bécher de levures) avoir vu une collection d’os une fois dans leur carrière, et ne plus l’avoir revue ensuite. C’est un peu le navire fantôme des récits de pirates : la collection oubliée est cette collection d’os, ou de roches, ou de vieilles lames qu’on ne voit qu’une fois et dont on oublie ensuite leur existence. Ce sont des objets utilisés autrefois lorsque le programme d’enseignement était bien différent (depuis il a changé une cinquantaine de fois, à chaque remaniement ministériel). 

A titre d’exemple, on peut trouver un fémur brisé d’être humain ou un lézard séché (certains collègues oseront dire que ce lézard venait de l’extérieur et s’est retrouvé par hasard dans une armoire). Pour ce qui est des roches, on peut tomber sur un morceau de charbon, ou du minerai de fer. Malheureusement, aucun enseignant n’est tombé accidentellement sur un grenat rouge ou un diamant (plus besoin de sauter les repas après).


On va garder quand même , ça peut servir dans le huitième remaniement ministériel prochain



4. La zone d’exclusion des produits chimiques :


           Même si le réfrigérateur ne tombe pas en panne, sachez qu’il existe tout de même un endroit dont il vaut mieux s’approcher avec prudence : l’armoire à produits chimiques. Naturellement, les produits chimiques utilisés en SVT ne sont pas tout aussi dangereux que ceux utilisés en chimie (la chimie, cette science qui consiste juste à mélanger des trucs et attendre de voir si ça explose). Cependant, on peut trouver de l’acide chlorhydrique ultra concentrée, de la chaux vive (pour les cadavres pour faire de l’eau de chaux), des enzymes, des colorants pas forcément alimentaires…

Tout comme la collection oubliée, il est possible de tomber sur un flacon ancestral rouillé dont l’étiquette est effacée, et dont le bouchon est bloqué par des dépôts blanchâtres suspects. Le professeur courageux n’hésitera pas à ouvrir ce flacon en grattant avec un scalpel, à observer le liquide qui fait 2 phases, et à éventuellement sentir. Tant pis si c’est du chloroforme (ce qui marche pour les cafards qui vont être disséqués marche aussi sur l’humain).


Étiquette signifiant que ça fait de jolis trous


5. Le cimetière des appareils collectors :


          L’obsolescence est partout. Même dans le laboratoire de SVT. Le cimetière des appareils collectors est le lieu où sont gardés des objets que les gens de moins de 30 ans ne connaissent pas : projecteur de diapositives, de films super huit, ou plus récent, le rétroprojecteur. Ils ont tous été lourdés par l’ordinateur et le vidéo projecteur. 

Étrangement, les enseignants savent que ces appareils sont là mais ne les utilisent jamais : est-ce par nostalgie? Ou ont-ils peur de la prochaine apocalypse qui pourrait ramener la civilisation à l’âge de pierre (de pierre mais avec de l’électricité quand même)? Non il y a 3 raisons à l’existence du cimetière :

  • la paresse de devoir trier la gigantesque collection de diapositives.
  • l’espoir de pouvoir vendre à très bon prix ces appareils de collection (la valeur d’un projecteur de diapositives étant passé de 2 roubles à plus d’une centaine d’euros. C’est un peu comme le rétro gaming).
  • Les dons de nécromancie des enseignants de SVT, permettant de faire fonctionner des appareils que l’on pensait hors d’usage.

On aurait pu ouvrir un vidéoclub SVT avec ça


6. La litière des productions d’élèves :


        Tapis au-dessus d’une armoire ou derrière celle-ci se trouve souvent un amas de feuilles ou plastique en tout genre : la litière des productions d’élèves. L’enseignant de SVT aguerri sait que certaines activités comme la production d’un panneau pour un exposé génère une quantité importante de feuilles devant être gardées ou jetées. Les rares productions élues seront alors affichées dans la salle de cours, ce qui peut avoir deux fonctions : une fonction pédagogique, et cacher un trou dans le mur.

Il est parfois difficile de se séparer de jolis panneaux en forme de papillon tout froufrouteux faits avec amour par des cinquièmes. Alors si on ne l’affiche pas, on le garde. Et cela constitue une litière, sauf qu’aucun collembole* ou lombric ne viendra décomposer tout ça.

Certains professeurs pédagogiquement ambitieux demanderont à leurs élèves de faire non pas un panneau mais une maquette. Le problème sera alors le volume que cela prendra dans la litière, au risque de faire ressembler votre coin de laboratoire en déchèterie.


Pour les ignorants qui parcourt cet article, c’est ça une litière en pédologie*


7. Le sommet de la chaîne alimentaire : l’enseignant de SVT :


         Il est un animal dont on a parlé tout au long sans vraiment s’y pencher : l’enseignant de SVT. Il est le seigneur de ce lieu étrange qu’est le laboratoire. C’est aussi son principal refuge. En effet, lorsque ce dernier se sent menacé (par des élèves récalcitrants, ou un réunion inopinée de la direction), il se planque dans le laboratoire. Et si possible, non loin de la collection oubliée (Pour qu’on l’oublie un temps). Un enseignant de SVT peut tenir un siège dans ce laboratoire : il va étancher sa soif dans la zone intertidale de l’évier, se nourrir de proies comme les macaroni de la collègue ou le bidon de glucose monohydraté avec les produits chimiques. Il pourra aussi éventuellement faire ses besoins dans la litière. Bref, si vous vous retrouvez dans un laboratoire de SVT, vous rencontrerez certainement cette espèce. Il n’est pas dangereux mais peut facilement vous inonder de paroles parfois difficile à saisir. Comme on utilise un carton pour faire diversion à un chat, vous pourrez alors utiliser un caillou ramassé dans la cour et lui demander ce que c’est. Et profiter de cet instant pour fuir. Il se rendra compte que 10 minutes plus tard de votre absence.




Cet article n’est qu’une partie émergée de ce que recèle vraiment cet écosystème. Certaines niches sont encore étudiées de nos jours, et risque d’évoluer au cours des années à venir. A noter que des safaris sont parfois organisés pour découvrir ces lieux mystérieux (certains appellent ça les « portes ouvertes »).



F.A.Q.


Est-ce que l’espèce enseignant de SVT est une espèce protégée ?


Le statut de conservation selon l’UICN est : préoccupation mineure. En effet, l’enseignant de SVT n’est pas menacée contrairement à l’enseignant de mathématiques, en voie d’extinction.


J’ai un animal de compagnie que je pensais être un chat. Il fait ses besoins dans la litière et aime les macaroni. Est-ce au final un prof de SVT ?


Pour en être sûr, il faut faire le test du caillou. Si vous lui tendez un caillou et qu’il commence à dire des choses comme : c’est un morceau de granite contenant du feldspath, du…. Votre animal est bien un prof de SVT. Si il se contente de renifler et de miauler, c’est un chat. Le test du carton ne serait pas concluant : un enseignant de SVT le prendrait pour la maquette ratée de Jean-Eustache.



Les enseignants ont réellement 3 mois de vacances ?


Non.



Est-il vrai qu’on peut faire de la meth dans un laboratoire de SVT ?


Pas vraiment. En SVT, on se contente de faire de l’alcool ( les levures…). Pour les autres psychotropes, il faut vous rapprocher des enseignants de chimie.




Lexique: 


Écosystème :

Pour faire simple, un écosystème est composé d’un ensembles d’organismes vivants différents (biocénose) qui interagissent entre eux mais qui interagissent aussi avec leur milieu de vie défini par des paramètres physiques (biotope). Les interactions entre les organismes sont variées : prédation, mutualisme, parasitisme, symbiose, etc…


Zone intertidale :

La zone intertidale (ou Estran) est une zone du littoral qui se situe entre la limite des plus hautes et des plus basses marées. Elle a ses propres caractéristiques sédimentaires et écologiques. Par exemple, on peut y trouver des organismes comme des mollusques vivants fixés (moules, patelles…). Elle est subdivisée en 3 parties.


Schéma d’une Zone intertidale silico clastique (image université de Picardie)



Niche écologique :

C’est la place qu’occupe une espèce (en général, car on peut définir cela à l’échelle d’une population) au sein d’un écosystème. Pour occuper cette « place », il doit y avoir des paramètres physiques et chimiques bien déterminés mais aussi des paramètres biologiques (présence ou non d’un ou plusieurs autres organismes).



Biome:

Les joueurs de Minecraft, taisez-vous.

Un biome est une zone géographique plus ou moins grande (cela va du microbiome à la biosphère entière) caractérisée par un climat particulier et une faune et flore particulières. La savane est un exemple de biome.




Collembole :

Les collemboles représentent une classe d’arthropode, autrefois rangée chez les insectes, mais qui  est rangée chez les hexapodes ( les hexapodes ne sont pas forcément des insectes alors que l’inverse oui : le critère principal étant les pièces buccales). Ils sont très petits (rarement plus de 3mm) et vivent dans le sol (litière et humus) en participant activement à la décomposition de la matière organique.

Un collembole (image CNRS)




Pédologie :

C’est la science des sols, de leur formation et de leur évolution.




































lundi 7 septembre 2015

Toi aussi, deviens un parasite !




Tu rêves d’être un parasite ? Tu crois qu’en restant sur ton canapé en attendant que ta maman te serve ton plat de pâtes, cela fait de toi un parasite ?  Ou bien tu penses naïvement que les humains sont des parasites (et tu veux donc te réincarner en lichen) ? Bougre d’imbécile ! Tu ne sais donc pas grand chose du parasitisme ! Après avoir eu le courage de lire jusqu’au bout cet article, ta vision du monde vivant va probablement changer. Toi qui pensais que la vie était belle, et que dans tes rêves tu volais sur un arc-en-ciel avec ton petit poney, tu auras peur. Oui tu auras peur.



1)      Le parasitisme, c’est quoi ?

Pour faire simple, dans le monde vivant, il existe des tas de relations entre les organismes. On peut citer :
  •           La prédation (le guépard qui veut becter l’antilope, ou toi qui veut ouvrir l’huître de Noël)
  •           Le commensalisme : deux organismes qui interagissent mais dont seulement un seul tire un bénéfice. L’autre organisme ni ne gagne, ni ne perd (ex :la mousse qui vit paisiblement sur le tronc d’un arbre. L’arbre offre un support à la mousse) 
  •           Le mutualisme : un rapport bénéfique aux deux organismes (exemple classique : l’abeille Apis mellifera avec des végétaux à fleurs ou Angiospermes). Souvent les deux organismes ne peuvent plus se passer l’un l’autre. Certains vont plus loin pour qualifier ce rapport parfois étroit de symbiose.
  •          La symbiose : Rapport bénéfique aux deux organismes mais la relation est plus étroite physiquement (ex : Les organismes unicellulaires du tube digestif des termites, sans elles, impossible de digérer le bois ! Ou  encore les fameuses mycorhizes*). Il n’existe pas de limite franche entre le mutualisme et la symbiose (et la parasitisme, voir deux lignes en dessous).
  •           L’amensalisme : une espèce qui empêche le bon développement d’une autre. Cependant, la première espèce ne tire aucun bénéfice.
  •          Enfin, le parasitisme : Le rapport est bénéfique pour un organisme mais se fait AU DETRIMENT de l’autre (qui n’a que les inconvénients).

On peut considérer le commensalisme et l’amensalisme comme un état d’équilibre (stable ?) entre le mutualisme et le parasitisme. Mais le mutualisme (et la symbiose) est aussi un équilibre dynamique entre les deux organismes (j’adore l’image du couple avec la couverture : le mutualisme consiste à partager la couette, mais si l’un la tire, l’autre va réagir en la tirant aussi ! Sinon, il va passer une nuit dans le froid…)

Bon, ah oui, le parasitisme : donc c’est un organisme qui va nettement profiter d’un autre (qualifié : d’hôte) pour vivre. Cependant, il existe différentes échelles (intensité) de parasitisme.


-L’ectoparasite :

Vous le connaissez sûrement. Vous l’avez probablement déjà rencontré. L’ectoparasite est l’organisme qui va élire domicile sur la surface corporelle d’un autre organisme vivant (l’hôte). Il va y puiser les ressources pour se nourrir : généralement du sang (oui, parce que le sang, c’est plein de bonnes choses. D’ailleurs tous les matins, je… non oubliez).
Pour citer des exemples : Poux (Pediculus humanus, l’hôte étant l’Homme), puce du chien…

vous les connaissez sûrement



-L’hémiparasite :
Un cas particulier car ce mot ne s’emploie en général que pour les végétaux « à moitié » parasites, dont l’exemple le plus célèbre reste le gui. Le gui puise l’eau et les sels minéraux dans les vaisseaux de sève brute (=xylème) de l’arbre hôte. Mais pour le reste (photosynthèse), il se débrouille comme un grand.

Viscum album, pour la recette de la potion magique, demandez à Panoramix


-Le mésoparasite :
Très connu aussi et vous devez  avoir servi le gîte et le couvert une fois dans votre vie à l’un d’eux. Les mésoparasites vont s’installer dans une cavité de l’hôte, mais cette cavité reste en communication avec l’extérieur (comme un grotte). Le mésoparasite ne va pas franchir les parois de cette cavité, mais va se contenter de chiper un peu tout ce qui passe. La cavité digestive est d’ailleurs un bon endroit (il fait chaud et il y’a à manger, je vous assure).



-L’endoparasite :
Encore plus loin, l’endoparasite va franchir les « barrières protectrices » des cavités et s’insérer à l’intérieur des organes de l’hôte. Certains iront jusqu’à se faufiler dans les cellules. Et là encore, une grande diversité de parasites existe, tous plus vilains les uns que les autres.

Pour la sacculine, c’est le truc blanc qui dépasse de l’abdomen (on dit pléon chez les crustacés. Enfin ce n’est que le sac d’œufs de la femelle sacculine. OUI ça ne ressemble pas à un crustacé mais c’en est un)

-Le parasite génétique :
Oui alors là, on n’est plus vraiment dans des organismes parasites, mais plutôt à l’échelle moléculaire. C’est le cas des virus, qui sont en fait que des brins d’ADN (ou d’ARN) qui iront s’insérer dans l’ADN d’une cellule hôte, qui va le transcrire pour donner protéines, sucres (qui viennent du cytoplasme), ADN ou ARN : tout pour faire de nouveaux virus. Donc on peut dire que lorsque vous avez un vilain rhume, et bien des rhinovirus ont modifié génétiquement vos cellules des fosses nasales, qui vont produire de nouveaux rhinovirus jusqu‘à l’éclatement. Sympa, mais c’est la vie. Et vous en hébergez probablement en ce moment (vous n’êtes pas malades, mais de l’ADN viral peut se trouver dans l’ADN de certaines de vos cellules, mais celui-là n’est pas transcrit).

Quelques virus tout frais sortant d’une cellule

Bon , à ce stade de la galerie des horreurs, deux choses sont à noter :
  1.  Comme je vous l’ai dit juste au dessus (ou pas en fait), il y a sûrement des fragments d’ADN viraux dans certaines cellules de votre corps. Mais vous n’êtes pas malades. En effet, un virus n’est pas forcément virulent, ou mortelle.  Généralement, les virus les plus contagieux sont ceux qui sont moins virulents (ou qui alternent phase de réplication intensive et phase silencieuse. Exemples : Virus de l’herpès, VIH, Varicelle). Ceci s’applique aussi aux organismes parasites : nous y reviendrons si vous avez encore du courage.
  2.   La sacculine est un crustacé mais n’y ressemble pas du tout (en fait, ce sont les comparaisons génétiques et le développement larvaire qui attestent de son appartenance à la classe, et le goût que ça a avec de la mayonnaise). Les douves du foie sont des vers plats (plathelminthes) dépourvus d’yeux et possédant un tube digestif aveugle (en cul- de-sac : ils n’ont pas de trou du cul si vous voulez). En fait, plus on progresse vers l’endoparasitisme, moins les organismes sont reconnaissables dans leur ensemble (si on prend référence à la classe à laquelle ils appartiennent). La sacculine est l’exemple type, mais il y’en d’autres. On parle de « régression » parasitaire (ce qui peut être mal interprété, car c’est plus une adaptation à un type de vie où la reproduction est THE fonction dans laquelle toutes les ressources sont investies).
         2) Méthode pour être un bon parasite.

      Après avoir survolé à la vitesse d’un F16 américain les exemples de parasitismes et leurs dignes représentants, on va s’attarder sur les conseils à suivre pour être un bon parasite. Pour être un bon parasite, il faut tout d’abord trouver un hôte pour y crécher un moment (au moins le temps de se reproduire).


      a)      Trouver un coin sympa :
      Tomber sur un hôte potentiel n’est pas très facile (et pourtant ce n’est les logements vacants qui manquent): il faut tomber sur le bon hôte (celui qui, nous verrons plus loin, va tolérer la présence du squatteur) au bon moment de la vie du parasite (en effet, il peut exister des hôtes spécifiques pour les larves, ou les œufs, ou la forme adulte). Tomber sur le bon hôte relève du hasard, mais on peut faciliter cette rencontre en jouant, en très gros, sur deux tableaux : le milieu de vie de l’hôte (et ses habitudes : ce qui est la stratégie la plus fréquente) et le moment.
     Tout ceci rentre dans ce qu’on appelle le « filtre de rencontre ».

   Exemple 1 : Dicrocoelium dendriticum (La petite douve du foie)


La petite douve passe par trois hôtes, rien que ça
      Le cycle de vie de la petite douve du foie passe par 3 hôtes. L’hôte gastéropode est le lieu où l’unique œuf (qui a eu de la chance va-t-on dire) va se multiplier excessivement et de façon asexuée… Oui par parce que se reproduire de façon sexuée seul, ce n’est pas évident… mais pas impossible. Non la masturbation n’est pas de la reproduction, sinon imaginez le peuple qu’il y aurait. Revenons au sujet bande de chafouins, non mais oh !  La rencontre de l’œuf avec le petit escargot est un peu due au hasard : se faisant, les adultes vont générer des millions d’œufs qui seront éparpillés dans les nombreux coprolithes  laissés par l’hôte définitif. Et si l’escargot passe dans le coin et mange une feuille avec un œuf… c’est gagné. Pour rencontrer le deuxième hôte (la fourmi), le hasard intervient encore grandement, bien que les cercaires (larve) seront disséminées un peu partout dans l’habitat commun de l’escargot et de la fourmi. 
     Dans ces deux rencontres, on voit bien que ce qui va faciliter la rencontre avec l’hôte suivant est la dispersion des oeufs/larves : on a donc ici une stratégie qui se fonde sur la production en grand nombre de formes infestantes.
     Mais le mieux c’est la rencontre avec le dernier hôte : un mammifère herbivore. La fourmi infestée par les cercaires va avoir un comportement inhabituel. Au lieu de vaquer à son travail de fourmi, cette dernière va grimper au sommet d’une brindille d’herbe et faire sa feignasse. Vous l’aurez deviné, bande de malins que vous êtes, cela va considérablement augmenter les chances d’entrer dans l’organisme hôte herbivore. Les cercaires (devenues métacercaires) perturbent le système nerveux de la fourmi qui va se comporter bizarrement (tel un zombie), en se dirigeant vers la lumière en haut d’une brindille, faisant fi du danger qui la guette.
    On a cette fois-ci une stratégie de modification du comportement de l’hôte intermédiaire. Modification qui va grandement faciliter le passage à l’hôte suivant.

    Ce genre de chose s’observe d’ailleurs sur toutes les autres interactions hôte-parasite. Voici un petit topo:


Des exemples de facilitation

     Ces modes d’infestation sont dits passifs (ce sont les hôtes qui sont acteurs de leur infestation, sans le savoir : c’est triste quand même), par voie trophiques (traduction : par la nourriture, pour ceux qui ont un vocabulaire équivalent à ceux qui sont enfermés et qui s’épient comme des voyeurs dans Secret Story). Mais elle peut se faire aussi par voie sexuelle… (comme dans Secret Story aussi)

    Exemple 2 : Les schistosomes

     Les schistosomes sont des plathelminthes : des vers plats.  Ils passent la plupart du temps accouplés (ce n’est pas forcément une chance, détrompez-vous). Les formes parasites sont responsables de maladies appelées bilharzioses (qu’on trouve essentiellement en Afrique tropicale : demandez ce qu’est la bilharziose au grand google et assumez ce que vous voyez. Je n’y suis pour rien). 


Pour une fois chez les parasites, la femelle est plus petite que le mâle. La femelle loge dans un repli du mâle

      Leur cycle de développement passe par deux hôtes : un gastéropode d’eau douce (pour le développement larvaire et la reproduction asexuée) et un mammifère (stade adulte et reproduction sexuée).




      Pour tomber sur l’hôte définitif (le mammifère), le schistosome, alors sous forme de cercaire mobile, va s’approcher de la surface, près du rivage du milieu aquatique. Mais les cercaires le font à différents moments de la journée  selon l’espèce: il existe une synchronisation de rencontre entre la cercaire d’une espèce et son hôte spécifique.
      Le lieu (rivage) et l’heure (matin, midi, soir, nuit, selon le mammifère) : tout pour un Rendez-Vous.

 Donc si on conclut sur ce point, un parasite va augmenter ses chances de rencontrer un hôte en jouant sur plusieurs tableaux :
-     augmenter le nombre de formes infestantes (œufs, larves : la production de ces formes dépasse pour un adulte les 10 milliards par an).
-    modifier le comportement (ou les habitudes) de l’hôte intermédiaire.
-    modifier l’apparence physique de l’hôte intermédiaire (mimétisme).
-    se déplacer vers un hôte ou être transporté par un vecteur comme le moustique (ex : plasmodium, agent du paludisme).
-    être présent à un moment où l’hôte est disponible.

     La transmission des parasites se fait verticalement : changement d’hôtes qui correspond à un changement de génération (œuf/larve/adulte)
     Elle peut aussi se faire horizontalement, c'est-à-dire, durant une même génération. De plus, il arrive parfois que le parasite se retrouve dans un hôte peu habituel dans son cycle : ce qui va souvent être une IMPASSE, car l’organisme hôte accidentel ne va pas forcément se laisser faire. C’est ce qui se passe avec toxoplasma qui se retrouve parfois chez un hôte humain (provoquant la toxoplasmose) : la plupart du temps, l’hôte s’en débarrasse. D’ailleurs, au passage, sachez que l’espèce humaine est l’organisme vivant le plus parasité sur Terre (ça a un coût d’avoir colonisé presque tous les milieux)
     Ce qui amène tout naturellement au deuxième conseil  pour être le top du top des parasites : ne pas se faire repérer dans le squat. 


      b)      Rester dans l’hôte sans se faire expulser :

      Maintenant, on parle de « filtre de compatibilité ». Une fois dans votre hôte, allez-vous pouvoir y rester peinard ? Tout dépend de plusieurs choses :
       -   rester dans l’hôte mécaniquement :
      On peut citer le taenia qui sur ce qui lui sert de tête (=scolex) possède des ventouses (Taenia solium) ou des crochets (Taenia saginatta). Il peut ainsi adhérer à la paroi de votre intestin et y rester un moment.

c’est moche hein ?
     D’autres parasites sécréteront du mucus pour adhérer. Les endoparasites iront carrément faire un trou dans la cellule d’un organe.

  
     -  MANGER !!
     (ben ouais, pour faire des milliards d’œufs, faut bien manger un peu)
    Selon le type de parasitisme (et de « régression »), le parasite ne mangera pas la même chose. Un ectoparasite (comme les tiques) se contentera de sang (c’est très nourrissant, surtout chez un diabétique ou un sexagénaire atteint d’hypercholestérolémie). Le sang reste tout de même le met favori des douves (mesoparasites) et de plasmodium (endoparasite).
    Certains parasites possèdent un système digestif complet avec des enzymes pour digérer (les nématodes comme les Ascaris, ou votre « ami » qui s’incruste chez vous pour vous dévorer le pot de pâte à tartiner qui vous reste). D’autres comme les douves possèdent un tube digestif aveugle :  c'est-à-dire qu’elles n’ont pas d’anus (pas de caca, ce qui implique de se nourrir de résidus déjà bien digérés)
     Enfin, y’a les plus simples : pas de système digestif, mais les nutriments passent à travers leur tégument (peau). Le Taenia se nourrit comme cela, dans l’intestin. Certains émettent des « suçoirs » (rhizocéphale comme la sacculine).

Au niveau des suçoirs, les nutriments sont absorbés par pinocytose

     -Ne pas se faire repérer et expulser comme un gueux dans une boutique Louis Vuitton :
     La police du corps veille. Un parasite peut rester longtemps s’il n’est pas reconnu comme étranger à l’organisme hôte (non-soi. Oui notre organisme est xenophobe). Certains parasites présentant des molécules proches du HLA (molécule spécifique à chaque humain) de l’hôte auront plus de chance de rester et de se reproduire… transmettant ainsi à sa nombreuse descendance ce caractère héréditaire.  Ainsi on finit par se retrouver avec des parasites spécifiques à un hôte en particulier parce qu’ils possèdent les « faux papiers » adéquats (mimétisme moléculaire).
      D’autres parasites sont aussi très fourbes : ils peuvent diminuer l’efficacité du système immunitaire ou changer de molécule marqueur souvent (si bien que le système immunitaire déjà affaibli, ne pourra pas suivre les « mises à jours » du parasite : c’est pire que windows huit). Le champion dans cette stratégie est … le VIH (oui, je vous rappelle qu’un virus est écologiquement un parasite. Pour ce qui est de savoir si on doit dire qu’un virus est vivant ou pas… c’est juste une question de définition).

Ici, une cellule dendritique qui phagocyte une autre cellule non reconnue comme appartenant à l’organisme
     c)      Faire des rejetons :
      Certains diront que c’est la finalité de la vie. Non c’est simplement que la vie est ce qu’elle est parce qu’il y a reproduction. C’est la caractéristique principale qui définit la vie. Le fait que nous avons déjà remarqué plus haut est la modification qu'entraîne le mode de vie parasitaire dans les différentes  classes d’organismes vivants. On assiste à une simplification de certains organes, qui correspondent à des fonctions qui ont moins d’importance. Toute l’énergie sera investie dans la reproduction : on verra dans la plupart des cas des organes de reproduction hypertrophiés (=GROS !). Le taenia (oui encore lui) n’est plus qu’un scolex (qui permet de s’accrocher) avec une succession de plusieurs mètres d’anneaux (=proglottis) qui ne sont que des organes de reproduction (mâle ET femelle) : production de gamètes et œufs (=cucurbitains pour les derniers, qui vont se détacher et être évacués avec le caca).



       Les copépodes représentent une sous classe de crustacés (maxillopodes), faisant partis du macroplancton (vous en avalez lorsque vous buvez la tasse à la mer ou dans un lac). Mais certaines espèces sont parasites (de poissons notamment). Les espèces parasites ont un aspect physique nettement différent de celui qui caractérise la sous-classe.

Oui, celui de droite ne ressemble plus à grand-chose

     Enfin l’option hermaphrodisme est très avantageuse : certains parasites comme les douves du foie sont hermaphrodites, ce qui autorise l’auto fécondation (pas toujours possible, je vous renvoie à l’article précédent sur les mollusques) et facilite la rencontre des sexes.


v    Après ces observations, il apparaît clairement que la reproduction est une fonction essentielle chez les organismes parasitaires : elle garantie la dispersion de millions de formes infestantes, ce qui augmente les chances de rencontre avec un nouvel l’hôte, car les pertes sont gigantesques (moins de 0,1% de succès, et encore c’est très haut comme taux de réussite. Jouer à Euromillions s’avère plus facile). Mais cette « régression » est une adaptation au mode de vie parasitaire. Ce mode de vie sélectionne les caractéristiques vues plus haut (importante reproduction, recherche de l’hôte par différentes stratégies, maintien dans l’hôte) : tout ce qui va favoriser la reproduction et la continuité du cycle de vie va se maintenir, et s’affiner au fil des générations pour finalement obtenir des espèces parasites spécifiquement adaptées à un ou plusieurs hôtes.


   Si on veut conclure sur ce qu’est le parasitisme :
    C’est une relation écologique dans lequel intervient une espèce parasite et une espèce hôte, mais qui profite qu’à l’un des deux (le parasite), tandis qu’il est néfaste à l’autre (l’hôte). Il se retrouve dans beaucoup de classe d’animaux (certaines classes sont particulièrement riches en espèces parasites), mais aussi chez des végétaux. Il y a différents niveaux de parasitisme qui vont engendrer des adaptations particulières, dont la régression de plusieurs fonctions devenues secondaires (locomotion, relation, etc…) et l’augmentation de l’efficacité de celles qui sont devenues primordiales (reproduction, adhérence…).
    Donc finalement, devenir parasite, ce n’est pas si simple. Une vie de parasite n’est pas de tout repos, alors réfléchissez bien avant de vouloir devenir un parasite. Ce n’est pas forcément « mieux » : c’est juste une stratégie différente.



FAQ :
     Je ne comprends pas… Lorsqu’un parasite mime une proie (comme le truc qui ressemble à une chenille  dans l’escargot), il est intelligent ! Il est sait ce qu’il fait !
      Euh, non. J’ai essayé de jouer une partie de dames avec une douve hier, et j’ai gagné (en fait, je crois qu’il a abandonné dès le début). Si les formes parasites ont des ruses comme celle-ci, c’est que les parasites présentant à chaque génération un caractère qui avantage leur reproduction et la continuité du cycle (leur reproduction au final) auront une descendance plus nombreuse, ayant ce caractère avantageux (que ce soit un aspect physique ou un comportement). C’est mécanique.
     L’affreux, quand je vois à quel point les cycles de vie sont adaptés… si les parasites ne sont pas intelligents, c’est que le Créateur a été génial dans ce qu’il a créé, pour de magnifiques cycles aussi bien fichus!
     Ce qui dans toute sa Bonté a permis de provoquer de millions de personnes malades à travers a planète… C’est vrai que comme plan démoniaque pour faire souffrir des tas d’êtres vivants, y’a pas mieux.
     Mon mec passe la plupart du temps devant son ordinateur à jouer à LOL, tandis que je fais la cuisine et que je le nourris et que je m’occupe de la maison. Est-ce un parasite ?
     A-t-il tenté de se reproduire seul? (si il se masturbe , on peut dire oui) Avez-vous observé quelque chose de différent des autres humains, comme des gonades hypertrophiées, des crochets sur ses fesses, un rostre qui pomperait la nourriture apportée à côté de lui sans qu’il bouge ? Si non, ce n’est pas un parasite. Il a peut-être un comportement de parasite mais c’en est pas un. C’est juste une feignasse. Faites comme le système immunitaire : virez-le.
     On a beaucoup parlé des animaux parasites, et trop peu des végétaux. Vous n’aimez pas les végétaux ? 
     SiMais il y a peu de végétaux (au sens strict) parasites. Le gui et le santal sont des exemples connus (et ne sont que  des HEMIPARASITES), mais il y a aussi le monotrope qui est totalement parasites de champignons du sol : c’est une plante à fleurs (angiosperme) qui ne pratique pas la photosynthèse. On peut citer également les cuscutes et les rafflésies.

Monotrope

   Lexique :
   Mycorhizes :
    Association étroite entre les racines d’une plante et les hyphes (filaments du sol) de champignons.  Les deux espèces sont en symbiose : le champignon contribuant à étendre le réseau racinaire de la plante facilitant sa nutrition, la plante fournissant une partie non négligeable de glucose au champignon. Les champignons qu’on ramasse en automne ne sont que les sporophores (organes de reproduction) : le mycélium (réseau d’hyphes) reste sous terre associé aux racines du végétal (un arbre par exemple). Pour plus de détails, fouiner dans les sites et les bouquins traitant de ce sujet très vaste (différents types, mécanisme d’association, rôle dans le sol et dans la conquête du milieu terrestre par les végétaux).

   Bibliographie et pour aller plus loin:

L'art d'être parasite (Combes)
http://geraldine.loot.free.fr/COURS%20INTERACTIONS%201.pdf (très bien fait)
wikipédia (en travers)

samedi 23 mai 2015

« Espèce de mollusque » : l’insulte ultime ?

« Espèce de mollusque » : l’insulte ultime ?

Si tu as atteint un certain âge, peut-être as-tu déjà insulté un de tes congénères humains de mollusque (ou d’un de ces dignes représentant : huître, escargot, moule, bigorneau, poulpe…), à juste titre. Quoique… Les mollusques sont-ils si nazes pour mériter d’être utilisés comme une insulte ? Les connaissez-vous vraiment ?

1)  Qu’est-ce qu’un mollusque ?

Un mollusque (eumollusque) peut se résumer à un corps mou (mais pas dépourvu de muscles !) avec une coquille (plus ou moins visible) sécrétée (produite) par une partie du revêtement du corps (=le manteau). Du côté de la classification phylogénétique, ils se situent chez les protostomiens*, lophotrochozoaïres*, spiraliens* (des mots qui ont un sens pour les biologistes, je vous assure). La plupart sont aquatiques (d’où la présence de branchies, c’est tout de même plus pratique).
En fait, le public connaît surtout les 3 classes principales de droite. Mais il en existe d’autres qui méritent un petit détour.

2)  Les polyplacophores (ou « chitons »)


un chiton qui broute
Un scarab dans Starcraft, si vous jouez protoss, faites-en en défense : c’est pas mal


Comment les reconnaître :
Ils ressemblent au « scarab » de Starcraft, mais en plus plat et petit bien entendu. Il possède 8 plaques calcaires dorsales (sa coquille) qui s’articulent légèrement entre elles (sans pour autant être souple comme une gymnaste). Si on le retourne, on peut voir son pied (grâce auquel il peut se déplacer), sa bouche (faut bien qu’il mange, hein) et deux sillons palléaux (ouverture vers les cavités palléales où se trouvent les branchies, plus ou moins visibles: faut bien qu’il respire).

Si on les ouvre ?
Anatomiquement, il est plutôt symétrique. Il possède comme beaucoup de ses cousins mollusques un ensemble cœur-gonade-« reins » (cet ensemble est en rapport avec le coelome*). Son tube digestif est rectiligne : ce n’est pas le cas de la plupart de ses cousins (encore). Ah, aussi, les chitons peuvent posséder des sortes d’yeux (plutôt des récepteurs de lumière : photorécepteurs) se trouvant sur… ses plaques dorsales. Bizarre, bizarre…



Où est-ce qu’on peut les trouver ?
Si vous en cherchez, vous en trouverez en bord de mer, sur les rochers dans la zone de balancement des marées (zone intertidale), raclant le substrat pour manger des algues ou des micro-organismes. Certains vivent tout de même dans les grandes profondeurs. 


3)   Les Monoplacophores

Un couple de monoplacophores, ne se doutant de rien...

Comment les reconnaître ?
Coquille unique (d’où son nom) et une cavité palléale discrète (où se trouvent les branchies), réduite à un sillon.

A et B : coquilles de monoplacophores (regardez l’échelle : et oui c’est petit)
C : vue dorsale du corps mou (sans la coquille). On voit par transparence l’intestin qui fait une spirale. Anus à gauche.
D : vue ventrale (sans coquille)



Si on les ouvre ?
Les monoplacophores possèdent des paires de néphridies (« reins simples ») en position métamérique (répétée). On pensait alors que ces petites bêtes constituaient un « chaînon manquant » entre les annélides (lombrics, vers…)  et les mollusques vrais. Mon cul… Cette idée est abandonnée aujourd’hui, et cette caractéristique anatomique semble être une acquisition secondaire propre à ce groupe.



Où est-ce qu’on peut en trouver ?
Si vous voulez en trouver, il va falloir plonger à plus de 3500m de profondeur. En plus, ils sont petits. Bon courage.


4)   Les Scaphopodes


ici un dentale cherchant avec son pied de quoi manger. Il aurait utiliser sa main.. ah mais non il n’en a pas !! AHAHAHAH !
Comment les reconnaître ?
Ils ressemblent à un petit cône courbe troué à l’apex renfermant un corps mou où la tête n’est plus vraiment identifiable. On peut distinguer une bouche, mais on remarque surtout les tentacules autour de celle-ci : les captacules (ils se sont foulés pour trouver ce mot). En effet, ces tentacules ne servent pas au déplacement ou à jouer aux cartes, mais seulement à capter la nourriture (qui se résume à des particules alimentaires, Mr est fine bouche : microphagie).

Si on les ouvre ?
Le tube digestif est courbé. La cavité palléale est un « tunnel » dont l’entrée est dans la zone antérieure, et la sortie, au niveau de l’apex de la coquille (le p’tit trou) : c’est pratique pour évacuer tout ce qu’il trouve ou mange.



Où est-ce qu’on peut en trouver ?
On les trouve rarement vivants : seules leurs coquilles sont retrouvées, rejetées sur la plage abandonnée coquillages et crustacés. On peut tout de même les trouver en position verticale, fouissant le fond avec leur pied puissant.

5)   Les Bivalves :

Mytilus edulis molestée sauvagement

Comment les reconnaître ?
Si vous n’en avez jamais vu, il est temps de sortir de votre grotte. Cette classe de mollusque rassemble tous ceux qui ont une coquille en deux parties (BI-valves, coquille droite et gauche, suivez un peu), renfermant le corps mou sans tête distincte (acéphale), aux branchies très développées (on parle aussi de Lamellibranches), au pied imposant en forme de hache (Pélécypode), le tout recouvert par un repli du corps : le manteau (c’est ce dernier qui fabrique les coquilles calcaires).
Les deux coquilles s’articulent autour d’une charnière (comme pour la porte de votre chambre), sous l’action de muscles adducteurs puissants (1 ou 2 muscles, c’est eux qui nous empêchent d’ouvrir un bivalve et de le déguster).


La coquille (ce qui échoue souvent sur les plages) est très utile et renferme un tas d’informations. Elle est indispensable à l’animal pour se protéger des prédateurs (comme vous) mais aussi pour garder de l’eau lorsque la marée est basse. C’est grâce à ses muscles adducteurs que les deux coquilles sont maintenues fermées (au nombre de 2, un antérieur et un postérieur : on parle de dimyaires. Certains bivalves n’en possèdent plus qu’un mais sont tout aussi musclés : les monomyaires). Les deux valves s’articulent autour de la charnière plus ou moins dentée, avec un ligament




La forme de la coquille permet aussi d’orienter l’animal (oui parce que comme ça, c’est pas très évident de voir un dos, un postérieur…): la charnière est dorsale et le crochet s’y trouvant est orientée vers l’avant dans la plupart des cas.

Des exemples de charnières, il en existe d’autres notamment fossiles

Pour terminer sur la coquille (quand je vous dis qu’il y a plein de choses à dire avec un vulgaire coquillage, en tout cas, plus que dans un magazine Closer), on arrive à apercevoir une empreinte laissée par le manteau (lorsque le mollusque était encore vivant…) : on parle d’empreinte palléale. Elle peut être intégrale (=Intégripallié, cas de notre chère moule)  ou présenter une courbure ou sinus palléal (qui est l’empreinte des siphons : un ou deux « tubes » musclés par lequel l’eau de mer est inhalée/éjectée, chez les espèces fouisseuses. =Sinupallié).

Empreinte palléale d'une Nucule.

Si on les ouvre ?
Après avoir pris votre couteau  vous ouvrez d’un geste flegmatique le bivalve récalcitrant (on va prendre la moule, comme ça, au prochain repas, vous ferez un cours à vos convives. Puis ils ne voudront plus de vous à table la prochaine fois).




Le corps mou sans tête est recouvert par un manteau. A l’intérieur de ce manteau, nous trouvons le pied sur lequel se trouve la glande du byssus (une spécificité de la moule : les filaments du byssus sont les fils verdâtres qui sortent de la moule). Le reste est occupé majoritairement par les branchies, les palpes labiaux entourant la bouche, et les gonades (ça peut toujours servir).
Les branchies ont un double rôle : ils servent à la respiration (sans blague…) ; mais aussi à la nutrition (Qüüüaaa ?). Les cils branchiaux assurent un courant d’eau et un tri des particules nutritives en suspension. Ces mises en bouche seront petit à petit transportées jusqu’aux palpes labiaux (qui trieront aussi, selon la taille) et finiront dans la bouche bien entendu.



Selon la forme et l’organisation des branchies, on distingue :
-les filibranches : les filaments branchiaux successifs sont attachés entre eux par des cils; les branchies s’organisent en feuillets en ‘W’ (voir schéma) dans lesquels passent des vaisseaux (sanguins j’entends, pas des TIE-fighters). Il est cependant possible de séparer les filaments branchiaux les uns des autres. (ex : ah mince… euh.. ah oui, la moule)
-les eulamellibranches : les filaments branchiaux possèdent une structure en ‘W’, mais dans ce cas les filaments successifs sont réunis par des connectifs tissulaires qui ne sont donc pas dissociables. (ex : la coke les coques)

Où les trouver ?
Fastoche ! Sur la plage vous trouverez un tas de coquilles. Mais les vivants sont soit enfouis dans le sable (espèces fouisseuses comme les coques, les couteaux…) ou fixés sur un substrat (rocher, coque de bateau, filets,…). Certains peuvent être benthique (au fond de l’eau) voire pélagique occasionnel : ils peuvent se déplacer (ex : Coquilles St Jacques).



6)   Les gastéropodes

Un escargot de Bourgogne se dirigeant vers le beurre persillé
Comment les reconnaître ?
Comment ça ? Vous ne savez pas ? Comme leurs cousins céphalopodes (voir plus bas), les gastéropodes ont un tube digestif replié (= « viscéroconque », flexion endogastrique, manteau qui recouvre que la partie viscérale). Mais ils ont un truc en plus : une torsion. Leur corps mou est tordu à tel point que la cavité palléale située du côté postérieur se retrouve du côté antérieur, dorsalement (donc au dessus de la tête, si vous suivez bien). La coquille peut être spiralée ou non. La torsion de la masse viscérale (corps mou) se met en place dès le stade larvaire, en plus de la flexion du tube digestif en « U » caractéristique des viscéroconques. 

droite : les nerfs se retrouvent croisés: on parle de Streptoneure


Les gastéropodes ayant les branchies du côté antérieur sont regroupés pour former le groupe des Prosobranches, le plus diversifié et connu. A l’inverse, les opisthobranches ont leur cavité palléale restée du côté postérieur (torsion incomplète). Chez ces derniers, le système nerveux n’est donc pas croisée (=euthyneures) et la coquille est souvent régressée (ex : les « lièvres de mer ». Non je n’ai pas fumé ce soir)
La coquille recèle aussi des secrets et reste un critère essentiel de reconnaissance.

L’enroulement peut être dextre (droit) ou sénestre (gauche)
Certaines coquilles peuvent ne pas présenter de torsion (ex : patelle ou « chapeau chinois »), un trou à l’apex (ex : genre fissurella), ou présenter un bord columellaire très avancée : un canal siphonal (généralement synonyme de prédateur sans pitié qui perce les autres coquilles, digère et aspire).

Des gastéropodes prosobranches

Des opisthobranches, certains sont pélagiques : ils peuvent nager


Nous venons de voir que les gastéropodes possédaient des branchies… Mais il existe des gastéropodes terrestres : pas de branchies mais une cavité palléale riche en sang ayant une fonction pulmonaire (=les pulmonés). En voici  quelques-uns (que vous devez connaître sinon je ne peux plus rien pour vous) :



Les pulmonés

Un petit gris vu de dessous, vous êtes des pervers!

Si on les ouvre ?

Schémas de l'anatomie de l'escargot. C'est en anglais, c'est facile ce n'est pas du Biélorusse.
Les gastéropodes ont tous une sorte de langue épineuse : la radula. C’est une véritable rappeuse (non elle ne chante pas, ah mais !).
Comme vous pouvez le remarquer, l’appareil génital de l’escargot (petit gris ou Bourgogne) est hermaphrodite (c’est un véritable labyrinthe d’ailleurs) : l’ovotestis (ou glande hermaphrodite) est la gonade qui produit les deux types de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes). 

si on déroule et schématise l'appareil reproducteur, en français cette fois.
L’hermaphrodisme est un avantage chez les escargots : se déplaçant lentement, il se peut qu’ils ne rencontrent qu’un seul autre escargot de leur espèce durant leur vie. Alors imaginez un peu si vous souhaitez vous reproduire et que le seul partenaire sexuel que vous rencontrez est du même sexe que vous… Ben ouais, c’est quand même mieux d’être hermaphrodite dans ce cas. Mais vous allez me dire, indignés que vous êtes pour certains : « et l’adoption ? et la GPA ? ». Calmez-vous : Ce sont des put**** d’escargots (en plus, il me semble que le conseil constitutionnel d’Hélicie n’ait pas encore approuvé ces lois. Non je n’ai toujours pas fumé quoique ce soit).

Echange de bons principes entre deux bourgognes

Où peut-on les trouver ?
Partout. C’est bien le groupe qui a eu le plus de succès au niveau de la diversité (ah, non, ils ne volent pas mais peuvent aller dans les arbres sans problèmes). Ils représentent 75% des mollusques. La plupart sont aquatiques : possèdent des branchies, se nourrissent d’algues, de particules en suspension ou dans la vase (dépositivores), ou sont prédateurs (on les reconnaît en général à leur siphon sur la coquille : je vous le répète, parce qu’il y en a qui ne suivent pas !). Les pulmonés ont conquis le milieu terrestre, bien que certains soient retournés dans le milieu aquatique (eau douce : cas des Physalies ou des Limnées).

7)   Les céphalopodes :


Un calmar qui fait un looping

Finissons par les maîtres incontestés des océans… du Silurien (environ -440 millions d’années, oui c’est vieux).

A quoi les reconnaît-on ?
Ce sont des tas de tentacules : ces derniers se situent au niveau de la tête, autour de la bouche. Leur masse viscérale est complètement pliée (flexion : des viscéroconques aussi). Ils possèdent une coquille visible (Nautile, feues les Ammonites), ou cachée (Seiche, feus les Bélemnites), ou régressée (inexistante : le poulpe). Le manteau de leur corps mou se replie et englobe presque tout l’organisme (formant une grande cavité palléale à l’intérieur de laquelle l’eau circule, permettant la respiration branchiale, aidant au déplacement par propulsion, ou servant à accueillir les spermatozoïdes).


On distingue les tétrabranchiaux (4 branchies) dont le seul représentant est le Nautilus du capitaine Nautile. Les dibranchiaux (le reste) peuvent être séparés en : Décapodes (qui veut dire : sans caféine 10 membres ou tentacules. Ex : Les calamars), et les Octopodes (8 membres comme sur l’affiche du film Octopussy. Ex : les pieuvres).
La coquille (si elle est présente) peut servir de stabilisateur de plongée : elle peut se remplir de gaz azoté, ou d’eau comme les ballastes d’un U-boot (comme quoi les teutons n’ont rien inventé).
La cavité palléale peut servir aussi au déplacement (par propulsion, en plus d’utiliser les tentacules)



Enfin, une capacité qu’ont les céphalopodes : se camoufler, aussi bien que les soldats du GIGN. Leur  uniforme manteau extérieur possède des chromatophores : un poulpe peut donc changer de couleur à sa guise pour mieux se camoufler (bon il ne peut pas faire l’arc-en-ciel).

Si on les ouvre ?

Schéma d'une seiche ouverte


Une dissection de seiche est relativement simple car tout se situe sous le manteau (y’a même la poche du noir… c’est nul je sais. Non, la poche du noir est une réserve d’encre permettant de brouiller la vision du prédateur, c’est mieux pour la fuite). On peut percevoir le tube digestif bien en « U » faisant le tour de l’hépatopancreas (=foie et glande digestive). On voit les branchies en communication avec le cœur (à 3 compartiments, assez inhabituel vous en conviendrez). Le sang d’une seiche est bleue (à cause de l’hémocyanine, un pigment respiratoire à base de cuivre, comme chez les Schtroumphs il me semble).
Mais le plus intéressant se situe vers la tête…. Les céphalopodes n’ont pas de dents mais un bec corné (en plus de la radula).

Bec cornée d'un calamar

Les yeux ressemblent aux nôtres (exemple de convergence évolutive), de type caméra, mais avec une différence tout de même: la rétine est directement exposée à la source lumineuse (pas chez nous, elle est inversée)

L'oeil du poulpe

gauche : humain, droite : poulpe. A oui, c'est aussi en anglais.

Des yeux, nous pouvons remonter à l’encéphale (cerveau) du céphalopode, c’est à côté. Beaucoup savent (ou pas) que certains céphalopodes sont dotés d’une intelligence (en tout cas, la culture d’un poulpe doit être plus riche que celle de certains humains). Leur cerveau est protégé par une boîte « crânienne » (cartilagineuse) : la capsule céphalique.

Enfin, la reproduction des céphalopodes mérite aussi un détour. Les sexes sont séparés : les mâles possèdent deux tentacules différents ayant un rôle dans l’accouplement (hectocotyles), qui ont un rôle de pénétration (comme le pénis), sauf qu’il va s’en servir comme des cuillères qui déposeront des sacs de spermatozoïdes (spermatophores) dans la cavité palléale de la femelle. Parfois, le mâle perd un hectocotyle (c’est violent comme copulation : on rencontre ce phénomène fréquemment chez les argonautes).

Où est-ce qu’on en trouve ?
Dans les océans (une espèce peut vivre en eau douce: Lolliguncula brevis.

Mais il faut vous rendre en Amérique du Nord), entre la surface et les abysses, et des plages au beau milieu de l’océan. Ils sont partout. Il y’en a même un qui peut planer : l’Encornet volant (Ommastrephes bartramii). NON, je n’ai rien fumé ! Vous êtes pénibles.



Le calamar volant



Pour conclure:

En fait, les mollusques ont conquis presque tous les habitats. Malgré leur aspect parfois ridicule, ils constituent un groupe qui « a réussi », car extrêmement diversifié et présent dans une grande quantité de niches écologiques. Ils sont aussi très bons à manger. Donc, si on vous traite de mollusque, répondez en disant « quel mollusque ? », et énoncez ce que vous savez sur eux (la personne soupirera et s’enfuira sangloter dans les toilettes devant l’étendu de son ignorance. Enfin dans l’idéal).

Ah, j’oubliais… Il existe d’autres classe de mollusques non citées : les caudofovéates et les solénogastres (ils ont aussi un corps mou avec un manteau sécrétant du calcaire, mais pas en forme de coquille, et ne possèdent pas la plupart des caractéristiques citées plus haut). J’en ai pas parlé parce qu’ils sont moches (et peu nombreux). Je sais, c’est de la discrimination. Et alors ?




F.A.Q.

Mon ami a trouvé un fossile d’ammonite. Il a dit que c’était un escargot. Etait-ce vraiment un escargot ?
Les ammonites étaient aussi des mollusques, comme les escargots, mais c’était des céphalopodes. Plus précisément appartenant à une sous classe cousine des Nautiloidea (Nautiles) : Les Ammonoidea (qui rassemblait les Goniatites, et les Ammonites entre autre). Dis à ton ami que les escargots ont une coquille spiralée mais pas dans le même plan : la coquille possède un apex. Alors que les ammonites ont une coquille spiralée dans un même plan. D’autre part, les ammonites possèdent des lignes de sutures (ligne visibles sur la coquille) en relief et aux motifs variés (indiquant les cloisons de la coquille). Après, va te renseigner sur d’autres sites.

J’ai trouvé un ver de terre. A quelle classe de mollusque appartient-il ?
Aucune. Il appartient aux Annélides. Relis plus haut s’il te plait.

Pourquoi alors un article sur les Mollusques mais pas sur les Annélides ?
Et pourquoi un article sur les Annélides et pas sur les Echinodermes ?

Je suis un enseignant de SVT depuis peu, et j’aimerais savoir quel mollusque dois-je utiliser pour mon TP.
Tout dépend l’objectif pédagogique visé : les moules ont l’avantage de ne pas être très chers et sont très bien pour observer les branchies (cinquième), qui peuvent être mises entre lame et lamelles pour observation microscopique (les cils sont alors en mouvement, mais il faut que votre moule ne soit pas cuite au vin blanc). Les huîtres sont intéressantes pour observer l’activité cardiaque : le cœur peut être prélevé et mis dans de l’eau de mer, il continue de battre un moment (et vous pouvez appliquer dessus des substances modifiant l’activité cardiaque). On peut en trouver toute l’année (c’est juste qu’elles sont moins « laiteuses » : pas en période de reproduction). Après l’escargot petit gris peut aussi être utilisé (mais il faut s’en procurer des vivants aussi, sinon on peut faire des dissections simples de mollusques morts).

Pourquoi lorsque je mets du sel sur une limace, elle meurt dans d’atroces souffrances ?
De la même façon que si vous mettiez un brochet dans de l’eau de mer : il ne va pas apprécier. Le sel (ou l’eau salée) aura pour effet de faire sortir l’eau du corps mou du mollusque vivant en eau douce ou en milieu terrestre. Inversement, un calamar que vous mettez dans de l’au du robinet va se gorger d’eau et mourra aussi (l’eau va « entrer » dans le corps).

Peut-on manger les chitons ?
Et bien s’ils ne produisent pas de substances nocives à faible concentration : oui. Vaut mieux manger un chiton que de mâchouiller une feuille de laurier rose en tout cas.


Lexique :

Protostomiens :
Embranchement dans lequel on rassemble tous les animaux qui au cours de leur développement embryonnaire, après la phase de gastrulation, ont blastopore qui deviendra la bouche (proto =premier, stome=bouche). L’anus viendra d'un pore secondaire.


On y retrouve les annélides, les mollusques, les arthropodes (pour les plus connus).

Lophotrochozoaïres :
Un autre embranchement (plutôt sous-embranchement) mais qui est compris dans les protostomiens (avec les ecdysozoaïres).  La plupart de ces animaux se développent en formant une larve trochophore qui porte de rangées de cils autour de son axe. D’autres gardent à l’âge adulte une couronne de tentacule autour de la bouche (=lophophore).

Joli dessin de larve trocophore

Spiraliens :
Encore une branche d’animaux (contenue dans les lophotrochozoaïres) qui comprend les organismes qui ont une cellule-œuf qui se divise en suivant une direction en spirale (clivage spiralée). Cette appellation est devenue caduque pour certains auteurs (car sans valeur pour la classification).

Coelome :
Le cœlome est la cavité (dite cœlomique) formée lors du développement embryonnaire, bordée par le mésoderme, qui en forme la membrane. Les animaux qui possèdent un véritable cœlome, comme les Annélides, les Mollusques ou les Chordés (dont nous), sont dits coelomates (terme qui n’a plus de valeur en classification). A l’âge adulte, le coelome peut se maintenir de façon importante ou régresser (chez nous, le pericarde, autour du cœur, est un coelome).

La même image avec une légende en plus

Sources, pour aller plus loin:

www.biodeug.com
www.paleopedia.free
www.mer-littoral.org
www.wikipedia.org
http://mon.univ-montp2.fr/